Beaulon.

La crue de la Besbre en 1707

« En la meme année mil sept cent sept il arriva une inondation si prodigieuse et si surprenante qu’après soixante et quinze heures de pluie continuelle le quatre, le cinq et le six du mois d’octobre, la rivière de Besbre accrue si fort qu’elle passait dans la bonarde à porter de grands bateaux venus à la maison du pontenier de Sept fonds plus de cent soixante toise des murs de l’abbaïe dont le prix s’est monté à plus de quinze cent livres.

Pour l’abbaÿe de Sept fon, ou elle s’était répandue par tout l’enclos du jardin et approchait la cuisine, elle fit un si grand dégat qu’étant jointe à la crue de la rivière de Loire, qu’elles tenaient tous le pays submergé. Depuis l’église de Baulon jusqu’au fourneau , il n’y avait qu’une rivière et dans la bassie à peine un cheval haut pouvait la traverser, la rivière de Loire ensabla tous les domaines de la ganche, sabot, une partie des terres des granger où la rivière avait été jusques à l’ancienne grange des prunier dit matthé  et dans toute l’étendue des champs et des terres les eaux avaient surpassés les plus grand buissons du long du ruisseau , chariant abattu les traces et les haies  ou dans la plus grande hauteur de tout le païs de tout le chambonnage; il y avaient les eaux de cinq à six pied d’hauteur dans les cinq.

Le pont de la Palisse fut emporté avec plusieurs maisons, plusieurs plongeons de blé, brebis, bœufs etc. perdus et de personnes noïés.

Dans la ville de Moulins, tous les fauxbours d’Allier, des Jacobins, St Gilles, et la magdelaine demeurèrent deux jour sans pain ; on fut obligé de porter dans les maisons avec des bateaux par ordre du Sr Maire de la ville

Ce que dessus est véritable                                                                Deculant   curé de Baulon »

Quelques notes du curé

La bannière de l’église a couté 30 cens d’achat par les soins du Sieur curé qui y a fait mettre l’image de St Privat et la figure du St sacrement avec un damas rouge. Le tout acheté en l’année 1705.

 

La neffe de ladite église a été aussi réparée par les soins du Sieur curé en 1705 qui menacait ruine de tout coté, le toit et la charpente sont tous pourris, la couverture, le soin et les clous et la façon ont couté cent livres, il y en a 20 livres de toit, 30 livres dans la façon du soin, 40 livres pour la façon du couvreur depuis 1707.

Un chevron tombant pendant la messe paroissiale de Pâques tua une femme.

 Le portatif pour porter aux malades le viatique tel qu’il est avec les Stes huiles qu’on porte ensemble a couté 24 livres ; c’est le Sieur curé qui l’a acheté.

 Depuis ledit mois d’octobre jusqu’au douzième du dit mars il a plut continuellement ou du moins dans chaque semaine il n’y a pas eu deux à trois jours de beau temps, jai à cause des inondations surveillé.
Et principalement la pluie augmenta plus le 8, le 9 et le dix Octobre.

Pendant la messe de pâque en 1717, un chevron tomba de l’église qui tua une femme ce qui ébranla le reste de la mauvaise charpente et fit écrouler plus de dix chevrons ; ce qui donna le commencement à la ruine et destruction de la neff de l’église.
La famine – mémoire du temps

En l’année 1708, commence en ce pais une famine terrible qui a continué jusqu’aux années 1709 – 1710 ou le blé a toujours vallu 3 livres et 90 sols et plus en 1709. Comme aussi grande mortalité de monde de tout costés principalement du coté de Bourgogne, tant de foretz et donjon ou en tous ces endroit il y avait une grande disette de grain. En cette parroisse il y mourut plus de quatre cent personnes en 1709, tant la famine y était grande et excessive.

L’on contraint les particuliers de faire des aumones au pauvres, l’on établi dans les provinces des commissaires pour aller visiter les bleds dans les greniers pour les faire distribuer au marché.

On en établi un marché en cette parroisse en ladite année 1709, depuis le mois de juin qui dura jusqu’au mois de septembre de ladite année. Il y avait beaucoup de voleurs et brigands surtout en Bourgogne où on avait permission de les tuer publiquement trouvés en faute.

Ces malheurs et disettes furent suivis par un débordement de rivières de Loire et de Besbre qui firent en cette parroisse quantité de dommages enfin la Besbre passait avec tant de rapidité dans la bassie qu’elle pouvait porter batteau depuis ce bourg jusqu’au fourneau ce n’était qu’une mer.

Nous fumes obligé d’aller toujours en batteau administrer les sacrements en (illisible)

Il n’y eu pas un domaine dans les bas de la Loire où la rivière n’étoit entré dans les batimens de plus de trois à quatre piés.

Chose incroyable si je ne l’avois veu, on y trouvait dans les champs des lieuvres et oiseaux en quantités de morts noyés.

En 1708, le jour de St Denis au mois d’Octobre il plut trois jours et trois nuits de suite ce qui causa le premier de tous les débordements.

On ne put cette année là presque point semer les terres.

La pareille chose arriva en 1709 car le jour des rois, il fit un vent de bize tout le jour et la nuit et le reste de la semaine il fit un froid si apre avec une bize qui avait été précédé d’une longue pluie que les bleds gelèrent partout.

On n’eut pour tout disme de bled en cette année que 200 boysseau.

Le sarrasin valait 8 livres le boisseau.

Le pont de Moulins tomba à la St Martin du 11 Novembre 1709.

Ensuite de ces malheurs en 1719 suivi la mortalité des bestiaux ; en cette période qui commenca le mois d’Août 1714 par les domaines des chala, petigni, verbet, beluzeau, patteau, patoren, racla, pindon, locrochet, la piloz, moura, moncha, chez le bau, bécaut, granger, vérin, marthé et après le bourg.

En 1709-1710, on enterra 450 personnes et par jour en hyver six et huit (cent) autres de janvier et février.

En 1708 la neffe de l’église qui était couverte en tuille creuse et ruinée tomba en partie et tua une femme.

L’on ne put la réparer qu’en 1717.

Quelque diligence qu’on put faire en égard aux mauvaises années qui s’en suivirent, elle fut batie et réparée par arret du présent Conseil et a coutée 780 ; à construire comme elle est, on répara le sanctuaire, le chœur, le clocher en 1722.

Bénédiction de la cloche moïenne nommée Marie Magdelaine

« Le second jour de juin et audit an (1715) les cérémonies d’une cloche ont été faites selon l’usage de l’église par moy soussigné après en avoir obtenu la permission ladite cloche ayant été bénite au nom de Sainte Marie Magdelaine. Ont Jean Desgalois de la Tour écuier Seigneur de Dompierre  Chezelle et autres lieux a été parain et marraine Madame Marie Magdelaine Degeneboux femme de Mre Gaspard de Laplatière Chevalier Seigneur de Torcy et Baulon et en leur absence Nicolas Merle fils de Pierre Merle et de Damoiselle Bourneuf a été substitué au lieu dudit Sieur Desgalois de la Tour ecuier                 et au lieu de ladite Dame Denegeboux Damoiselle Marie Magdelaine Truchin fille de Marc Truchin et de Damoiselle Marie Perrotin, parrain et marraine                                 Deculant, curé »

 

La mortalité des bestiaux en 1714-1715

« La mortalité des bestiaux qui a été si générale partout en cette parroisse a commancé depuis le mois d’aout en la susditte année 1714 par les domaines des charla, desbot, palleau, beluzeau, petigny, la ganche, sabot, bécaut, revin, matthé, granger, raclat, lebau, pindon, locrochet, montat, les bessais, les chapuis, le domaine du bourg au sus bayon, le domaine du Sr vaillant au bourg, droyer, la vaire  chez verdier, le domaine à miet, les domaines de la moute, lavoir le met, la mouche, jacob ou les bestiaux sont tous morts; le domaine pignier qui sont tous les domaines où la mortalité des bestiaux a passée qui l’a commencée au mois d’aout 1714 et a finie par le bourg au mois de feuvrier 1715.

Cette sorte de maladie n’était pas une peste car des hommes qui les (illisible) et qui touchaient ces bestiaux n’en n’ont pas été pour cela malades.

On n’y connaissoit rien bien qu’on y a faict quantité de remèdes dont l’on n’en a eu aucun succès.

La plus grande partie périssaient par le fiel qui se grossissait et qui corrodait leurs parties nobles et on a veu que ceux qui ont éloignés leurs bestiaux des autres en des lieux éloignés en ont sauvés beaucoup.

Deculant       curé »

 

Les réparations à l’église

« L’adjudication des réparations de la neff de l’église a été faite pour la somme de 780 livres

le troisième avril 1716 par devant Mr Féburier subdélégué de Mr l’intandant Marc Turgot par arret du privé Conseil du Roy en datte du 17 Octobre 1716 mille sept cent seize de laquelle somme il y a eu un rolle d’imposition sur tous les habitans ensuite en 1722.

Le sanctuaire, le chœur et le clocher ont été réparés, l’église pavée et blanchis, les vitraux fait à neuf pour la somme de 300 livres. Lorsque la charpente de l’église tomba, elle tua une femme, elle était à tuile creuse.

Tous les ornements neufs, chasuble de surgest et devant d’autel neuf avec les garnitures du dais de la chaire et devant d’autel de callemande, les vaissaux du bapteme et des Stes huiles, nappes et 3 aubes à dentelle.

Le tout revient à deux cent quatre vingt livres.                                              Deculant, curé de Baulon »

Beaulon, BMS 1700-1719, 19E-dépôt GG 8

 

Maladie épidémique des bestiaux

« La mortalité des bestiaux qui depuis cinq ou six ans a ravagée sans discontinuer une infinité de provinces a enfin pénétré dans celle cy cette année 1746.

Elle diffère peu de celle de 1714 à l’exception quelle est plus universelle, plus rapide et plus meurtrière. Elle cessa au mois de Novembre ; et chacun se hatta de remettre des bestiaux dans les domaines ; mais elle recommença l’été suivant avec autant de progrès que la première fois, suivit les mêmes domaines et quelques uns qui en avaient été exempts en 1714.

Ils subirent en 1747 le sort des autres excepté la petite locaterie de Lunié ».

Beaulon, BMS 1740-1760,19E-dépôt GG 10

 

Prix du seigle

« Le 1er Janvier 1771 le seigle vaut cinquante cinq sols, le froment trois livres dix sols.

Le temps est aussi dur qu’en 1709. Il y a nombre de malades, nous portames hier le St viatique à onze personnes, il en meurt tous les jours ».

 

Des voleurs à Sept-Fonds

« Le douze may mil sept cent soixante et onze nombre de personnes armées sont entrées à Sept-fonds et se sont fait donner à ce que l’on a dit plus de vingt mille francs. La maréchaussée et les cavaliers du régiment de la Loire en garnison à Moulins arrivèrent à Baulon.

Le treize may à neuf heures du soir, il y en eut douze et un maréchal des Logis qui logèrent à la cure et le reste fut dispersé dans le bourg. Ils ont fait inutilement des recherches pour découvrir des voleurs ».

 

A propos d’un banc dans l’église

« Avis au lecteur

Le 21 Décembre 1771 le curé de Baulon dans l’intention d’obliger avoit donné son consentement au Sieur de La Geneste Bourgeois pour placer un banc dans l’église au profit de la fabrique ; il ne s’attendoit à aucune résistance ; le banc fut placé, le Sr La Geneste l’occupat le 22 pendant la messe, bientôt après trois ou quatre personnes sans authorité le sortirent et le jetterent sur la place.

Le curé averti appelle le fabricien ; en sa présence et celle du Sr Vaillant chirurgien et du nommé Gaudier achetta ledit banc, qu’il avait fait remettre à l’église. Il annonca avant vepres qu’il (ledit banc) appartenait à la fabrique et qu’il serait adjugé à celui qui le souhaitterait après les publications et formalités requises.

Malgré cet avis à l’issue des vepres les nommés Antoine Durand fils de Pierre Durand aubergiste Louis Pindon de la paroisse de Chevagnes Louis Villenaud journalier Mathieu Cayot métayer à la sollicitation de la femme du notaire , en présence dudit notaire, du procureur d’office et de tous ceux qui avaient assistés aux vêpres entrèrent avec éclat et scandale à l’église, sortirent le dit banc, le mirent d’abord sous le porche, le jetterent ensuitte au millieu de la place et menacèrent de le briser, ce qui fut fait et les débris jettés dans la rivière.

Le Sr Curé ne parut point pendant tout ce tumulte ; il se représenta le lendemain, à l’irrégularité d’une pareille conduite ses avis furent méprisé ; il vit une ligue de la part de personnes qu’il combloit de politesse ; fabricien bourgeois, tous prirent parti contre lui ; il se consulta, l’avis fut qu’il avait droit de demander justice. Par cette voie de fait, il eut l’honneur d’en avertir Monseigneur l’Evêque. Il attendait une satisfaction. On est venu hardiment et le triomphe chez lui ; il n’a rien témoigné et a reçu tout le monde à l’ordinaire. Il attend réponse d’Autun.

Tout bien considéré et de l’avis de la grandeur, le dit curé laisse le tout à la justice du Seigneur et pardonne de tout son cœur.

Par la patience, il est venu à bout de tout, les susdits ont reconnu leur tort, tout va bien ».

Beaulon, BMS 1761-1779,19E-dépôt GG 11
Orthographe d’origine respectée.
Transcrit par Clotilde Thuret

 

Beaulon.

La crue de la Loire en 1744

« La nuit du trois au quatre novembre de cette année 1744 la rivière de Loire déborda. Cette inondation fut très considérable. Elle s’étendit jusqu’à la voute et l’eau était dans plusieurs batiments et chambonage à quatre pieds ou environ d’hauteur et gata beaucoup de grains et de foin pendant trois ou quatre jours quelle y resta. Le domaine Pétigny y perdit quelques bestiaux. Elle fit un grand domage dans les terres ensemencées et surtout au domaine des Charlats et de la Ganche sabot ou elle a entrénée des pièces de terres entières et principalement dans le champ des verges ou je prens la dixme comme novialle et qui a été beaucoup endomagée.

On a remarqué que cette crue n’était pas si considérable que celle qui arriva en 1707 ; mais il est à observer que dans la première les rivières de Loire et de Besbre débordèrent en meme temps et que dans la dernière il n’y a eu que la Loire et si Besbre eut aussy débordée, il n’est pas douteux que l’inondation aurait été beaucoup plus grande et plus domageable que celle de 1707.

                                                                                                                                 Saint-Hilaire

Calcul
Pour dix neuf services environ ……………………………………. 17 livres
Quinze mariages déduction de neuf messes ……………….. 40 livres 10 sols
Cinq rendues …………………………………………………………….. 10 livres
Vingt trois grands enterrements …………………………………. 69 livres
Vingt petits enterrements ………………………………………….. 18 livres
Petit bapteme …………………………………………………………… 10 livres 6 sols
Relences ………………………………………………………………….. 18 livres 4 sols
Pour l’orbito ou ortail …………………………………………………. 24 livres 14 sols
Pour les offertes et évangiles environ …………………………. 25 livres

Total                                                                                           252 livres 14 sols »

 

Note : 1 livre = 20 sols

Beaulon, BMS 1740-1760,19E-dépôtGG10
Orthographe respectée. Transcrit par Clotilde Thuret